Panafricanisme et racines Juives, des ressentis identitaires parallèles
Le Panafricanisme
Le Panafricanisme est un courant de pensée, une idée à la
fois politique et identitaire.
Le principe du Panafricanisme est que les hommes noirs, qui
vivent en Afrique, ou bien issus de la diaspora et vivant n’importe où dans le
monde, mais ayant des racines africaines, doivent se rassembler sous une même
bannière, en terre d’Afrique, afin d’accéder vraiment à l’émancipation.
Une autre idée sous-tend le principe du Panafricanisme,
celle d’un destin unique qui unit le peuple noir africain, issu du berceau de
la civilisation: l’Afrique noire. Cette
terre est la terre sacrée pour les adeptes du Panafricanisme, d’où seraient issus les premiers hommes, qui d’après
certaines études anthropologiques, furent noirs.
Le Panafricanisme est donc un courant de pensée, incluant
une terre commune et sacrée, un destin unique pour un peuple et l’idée du
rassemblement pour vivre son émancipation et son destin à l’abri des
ostracismes dus à la couleur de peau noire.
Le judaïsme
Le judaïsme est à la fois une notion d’appartenance à un
peuple précis, et une spiritualité, une religion.
L’aspect d’appartenance à un même peuple recoupe le principe
du Panafricanisme en de nombreux points.
Ici aussi nous retrouvons le sentiment d’appartenance
à un même peuple, que l’on vive sur la terre promise d’Israël, refuge contre l'antisémitisme, ou bien que l’on
fasse parti de la diaspora Juive, et que l’on réside n’importe où dans le
monde. On retrouve également dans le judaïsme, la notion de destin
unique du peuple juif, qui se considère comme le peuple élu.
Nous avons donc ici un courant de pensée, une manière de
vivre ses racines, qui englobe l’appartenance à un peuple commun, dont les
membres peuvent se trouver n’importe où dans le monde, la présence d’une terre sacrée, refuge contre l'ostracisme, et la
croyance en un destin unique. Autant d’éléments parfaitement parallèles à ceux
qui sous-tendent l’idée du Panafricanisme.
En revanche, le judaïsme inclut une notion de spiritualité
et de religion commune, allant au-delà des traditions ou des us et coutumes
communs d’un peuple.
Quels sont les
facteurs d’unité les plus probants ?
Le Panafricanisme
propose de reconnaître comme membres du peuple, les gens de couleurs noir, ayant
des racines africaines plus ou moins lointaines, vivant ou non en Afrique, sans
tenir compte du mode de vie actuel, ou des pratiques religieuses des personnes considérées.
Le judaïsme propose
de reconnaître comme membres du peuple,
les personnes ayant des racines juives, vivant ou non en Israël, et ayant des
traditions communes, liées à la pratique d’une même foi, avec des fêtes
principales communes, des rites initiatiques communs, et même des plats
traditionnels communs.
S’il est légitime de
trouver des points communs aux deux courants de pensée identitaires que sont le
Panafricanisme et le Judaïsme, il est légitime également de se demander lequel
des deux courants est le plus propice à susciter un réel sentiment d’appartenance
à un destin commun.
Si Le Panafricanisme
peut paraître égalitaire, car il laisse la spiritualité de chacun de
côté, il la renvoie à la sphère privée, le courant de pensée puise toutefois son fondement idéologique dans la
couleur de peau uniquement, avec des racines africaines venant expliquer cette
couleur.
Peut-on penser qu’un
afro-américain, né aux États-Unis, vivant dans une grande ville moderne comme
New-York, Chicago ou encore Miami, dont les racines lointaines, remontant à
plusieurs générations, sont certes africaines, se sentira un
destin en tout point commun avec un natif de l’Ouganda, vivant en Ouganda, selon des modes de
vies différents et moins consuméristes ? Peut-on penser que si ces deux
personnes ont de surcroit des croyances et des religions différentes, ils
pourront ressentir cet élan commun censé les rassembler et les mener vers un
destin commun unique ?
Sans toutefois prétendre avoir
les réponses à ces questions, il peut sembler légitime que le seul critère de
la couleur de peau due à des racines africaines, et à une terre commune, s’avère relativement
insuffisant à créer un sentiment d' unité.
Le judaïsme en
revanche, qui met en avant à la fois des racines juives, parfois également
lointaines et remontant aux générations précédentes, une foi commune, des
traditions communes, une terre commune également, et ne tenant aucun compte de
la couleur de peau, blanche pour les ashkénazes d’Europe de l’Est, et plus hâlée
et matte pour les Séfarades d’Israël et du Maghreb, semble plus à même de créer
une réelle unité. Les critères semblent, objectivement, de nature plus
rassembleurs. Ceci étant
toutefois dit toujours sans certitudes et avec la modestie du doute que nous impose ces interrogations.
Des sentiments venant
des tripes, du tréfonds de l’être humain, mammifère spirituel, à caractère à
la fois individualiste et collectiviste, communautaire et tribale, mais aussi
solidaire du genre humain dans sa globalité, peuvent venir faire mentir l’analyse
objective des choses.
On peut donc
reconnaître que les deux ressentis identitaires que sont le Panafricanisme et
le Judaïsme ont des points communs.
On ne peut pas en
revanche être certain que le judaïsme, qui, sur le papier semble afficher plus
de critères communs rassembleurs, le serait forcément plus qu’une couleur de peau
commune, critère d’identification certes primaire, simple, mais qui parle au cœur
de l’homme de façon directe et immédiate, de manière moins cérébrale que les
critères d’appartenance au Judaïsme.
L’erreur fondamentale
semble toutefois être de vouloir opposer ces deux courants de pensée, ces deux
ressentis identitaires, tous deux légitimes et nobles. Car sur de nombreux
points, ces deux courants sont frères.
Certains défenseurs modernes du Panafricanisme, on pense à Kémi Séba,
semblent souvent créer une espèce de concurrence artificielle entre ces deux
courants. Comme si la pensée profonde, l’intime conviction d’appartenance,
pouvaient être des choses que l’on porte sur le terrain de la compétition. Comme s’il fallait que l’un des deux courants l’emporte forcément sur l’autre, notamment en ralliant plus d’ouailles ou plus d’affiliés.
Il semble que cette
approche compétitive soit stérile, que les deux courants, avec leurs
différences puissent parfaitement coexister et se respecter, voire s’entraider. Haim Korsia, Grand rabbin de France et Kémi Séba, Docteur du Panafricanisme, même combat.
Peuples et courants
de pensée politiques, religieux ou sociétaux du monde entier, respectez vous,
vous êtes complémentaires. Nous sommes tous à la recherche de cette chaleur qui
donne un sens à nos passages ici- bas, et ce n’est certainement pas dans des
compétitions stériles, des oppositions artificielles, ou des guerres, que nous
trouverons cette flemme.
Vous êtes des frères humains nourrissant une recherche commune de sens.
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