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mardi 12 juin 2018

De l’art de la chronique littéraire


Partager sans spoiler, plébisciter mais justifier, critiquer sans s'imposer, exprimer des bémols sans attaquer, toujours respecter l'auteur concerné, inciter à une lecture éclairée. La chronique littéraire, un art consumé

 

Partager sans spoiler 

 

Brosser le contexte sans révéler l'histoire, et encore moins son issue. Dire un mot des personnages et de leur situation de départ, sans révéler les liens exacts entre eux ou la nature des sentiments qui les animent. Ne révéler que les grandes lignes du récit. Trois ou quatre phrases environ doivent être consacrées à la description de l'histoire. Au-delà, le chroniqueur en révèle trop, diminue l'attrait pour l'ouvrage, provoque l'arrêt de la lecture de sa chronique avant terme et manque ainsi son but d'incitation à la découverte. 

Plébisciter, mais se justifier

 

Il est important de partager son enthousiasme pour un ouvrage. Mais une critique constructive doit s'attacher à dire quels ressorts émotionnels ont vibré lors de la lecture. Est-ce la corde sensible, les zygomatiques, ou la tension qui se sont emballés en progressant dans le livre ? Est-ce l'humour, le romantisme, le suspens ou encore le style distillés par l'auteur qui sont à l'origine de l'engouement ressenti ? Il faut justifier, auprès du lecteur de la critique, le plébiscite de l'ouvrage. Il est conseillé, pour cela, de citer des phrases, des punchlines ou de petits extraits qui viendront appuyer la démonstration, comme autant d'exemples des sentiments et des sensations que l'ouvrage procure.

Critiquer sans s' imposer

 

Il est également important de faire part d'éventuels sentiments d'ennui lors de certains passages, de sensations d'invraisemblance, ou d'autres bémols. Toutefois, il convient pour le chroniqueur, d'indiquer, de rappeler, que ces sentiments n'engagent que lui. Imposer son avis, faire sentir qu'il s'agit de la vérité universelle concernant un ouvrage est à la fois faux, prétentieux et contre-productif. Un même ouvrage sera reçu totalement différemment par deux personnes distinctes. Le monopole de la critique vraie est un leurre, qui ne trompe pas les lecteurs d'avis littéraires. Bien souvent, cet écueil provoque l'abandon de la lecture de la chronique, pour cause d'aspect trop imbu de sa personne du chroniqueur. Il convient également que ce-dernier, comme pour l'engouement, justifie les critiques et les bémols exprimés. Il est recommandé d'expliquer pourquoi certains passages prennent à rebrousse-poil ou manquent de crédibilité. Utiliser des exemples et citer des passages constitue également une bonne manière d'étayer ses critiques.

Respecter l'auteur

 

L'aspect subjectif d'une chronique littéraire doit en permanence rester à l'esprit du chroniqueur. Les efforts consentis pour la rédaction et la publication d'un roman méritent le respect. A ce titre, un bon chroniqueur ne doit jamais descendre un auteur, ou l'attaquer ad hominem. Si l'ouvrage n'a pas rencontré l'aval du chroniqueur, celui-ci peut exprimer ses réserves sur l'opus concerné, en les justifiant, mais sans jamais diriger le feu de sa critique sur l'homme. Pour cela, il peut être utile d'inverser les rôles par la pensée quelques instants, de se projeter dans la peau d'un auteur ayant rédigé un ouvrage et l'ayant fait publier en y mettant toute son âme, qui découvre une critique acerbe l'attaquant et le rabaissant personnellement. Cela aide à tempérer son ardeur à l'attaque intuitu personae.

Donner envie de se forger un avis personnel

 

La chronique littéraire réussie titille, excite, tease, et donne envie à celui qui en prend connaissance de se forger un avis personnel. Idéalement, ce-dernier doit avoir à son tour envie de venir partager son impression intime sur les réseaux sociaux, les blogs littéraires, les forums et les médias interactifs. L'écueil de l'avis asséné, au caractère définitif, doit donc absolument être évité, sous peine de transformer une chronique en pamphlet ou en plébiscite trop peu nuancé pour atteindre son but de partage et d'incitation à la découverte.

Inciter à une lecture éclairée

 

La chronique littéraire doit éclairer le chemin d'accès du futur lecteur vers la découverte d'un ouvrage. Il s'agit d'un art subtil, qui balance entre description factuelle, engouement et critique. Le but est d'inciter à la lecture, à la découverte d'un livre. Chacun sait que l'avis d'un chroniqueur, aussi pointu, aussi honnête intellectuellement qu'il puisse être, est emprunt de subjectivité. Le lecteur de chroniques littéraires ne cherche donc pas un avis tranché, une injonction absolue à la lecture ou au contraire un rejet péremptoire. Il est en quête d'un avis sincère, nuancé, étayé, qui le guidera dans son choix de lecture et contrebalancera les arguments purement marketing peu fiables relayés dans les divers médias ad hoc. La chronique doit entrouvrir la porte sur un ouvrage, sur un univers, en indiquant quel courant d'air a provoqué cet entrebâillement chez le chroniqueur. Le lecteur de cet avis doit sentir, pressentir, son adhésion ou non à cet univers, sans en avoir toutefois la certitude, et en ayant envie de tenter sa chance et d'ouvrir carrément la porte, en acquérant l'ouvrage.


Boris Adelski.

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