Vous le savez sûrement, sinon vous êtes cintrés et condamnés à la penderie, mais
la toile Denim est la reine sans laquelle Saba de l'aile au niveau
fashion.
Or mon Groodt jean, usé derrière comme devant, mérite justement
un remplacement définitif. Pas la peine de Cooper les cheveux en quatre,
au bout de quelques années, le rat-piéçage des champs ne passe plus en ville.
En ce début de fashion-week, hors de question de rester rivet sur son canapé à s'enduire les vieilles surpiqûres. Il est temps
défilé à la jeanerie, renouveler sa garde-futes. C'est la même chose que la
garde-robe, mais pour nous, les hommes. Du moins l'entrevoyais-je ainsi.
Me voici donc chez Reno Jean,
la boutique du Marais spécialisée dans les grands bleus tendance.
Le slogan sur l'auvent fushia aurait du m'alerter: "Mâle Vuitton époque à fond !"
Le vendeur m'accueille d'un chaleureux "Bienvenue chez nous mon choux, tu ne t-es pas
planté" mais à la mode de Caen...ben de maintenant justement...
Très branché, le vendeur fit 220 volt-face, balançant son épi-derme auburn de roi des denimaux, faisant montre (oui, ils vendent aussi des accessoires) d'un tempérament volcanique idéal
pour proposer un magma de jeans style fusion.
Je cherche une coupe
familière, en vain. Eh oui, niveau jean, je porte du vingt...
Mais je n'aperçoit que
des fuseaux ornés de bretelles, des jeans déstructurés, c'est à dire avec l'entre-jambe au
niveau du genou, et quelques futes-îles articles à mi-chemin entre le bermuda oasis de Carlos
et le jean-polo Gaultier en forme de kilt de madone. J'en reste Gaga.
Inquiet, je me demande si je vais avoir le Levi-à-temps pour la semaine de la mode. Professionnel jusqu'au bout des ongles, le vampdeur jauge ma jeanitude. Eh vaseline
que je te tâte, pour mettre la main sur la coupe qui te fera un arrière-train de première
classe. Dans les jeaneries du Marais on appelle cela le fantasme du wagon-lee...
Avant qu'on en vienne vraiment aux mains, j'essaye le Kap
oral, qui d'après le sosie de Desireless, me va comme un gant. Le miroir me
renvoie l'image d'un Karl hagard, fil de fer, habillé comme le bon roi Dagobert,
malgré une culotte à l'endroit. Mais à quel endroit...toute la question est
là...
Ôtant l'andro-jean en quatrième vitesse, je demande au danseur de
balai capillaire s'il n'aurait pas quelque chose de plus classique. Il me
répond qu'habituellement les zozos comme moi roulent au Diesel...j'ai beau lui
expliquer qu'à Paris je prend les transports...la ligne 501 notamment... il
ondule déjà vers le rayon des jeans old fashion. C'est à dire avec plus denim
que de trous, une taille, et deux jambes situées à des niveaux anatomiques
raisonnables.
II me propose un denim prune, dernier modèle, fraîchement cueilli dans le verger stylistique encore bourgeonnant d'un jeune créateur
prometteur. Je décline son pruneau d'A-jean, prétextant une dévastatrice allergie au fructose.
Sceptique face à cette fosse mode béante entre
nous, il me conseille Jardiland, enseigne dans laquelle je trouverais
certainement un vieux jean Dujardin, dont la coupe devrait satisfaire mes
appétences en matière de Groodt jean.
Prudent, je ne lui présente pas
mes homos-plates, et lui lance, royal, que pour un vendeur de jean, c'est une
honte d'être un bleu, et que n'étant même pas originaire de Nîmes, il devrait aller se faire une toile. Mais M le modi, virevolte déjà du popotin vers l'au-tomate distributeur de jus, situé à côté du réservoir à capotes aux nervures stylées qui préservent les hâtifs.
De retour chez moi, j'enfile un petit velours côtelé d'agneau très seyant, en revenant à de meilleurs sentiments. Après tout, il ne s'agit que d'un homo en pantalon sapiens. Au regard de mes origines modestes, il est concevable que la couture de la haute, ne soit pas taillée pour moi. Ne nous fashion pas.
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